• Plaidoyer pour ceux qui essayent de s'en sortir sans label

     

    Comme vous l'avez certainement remarqué, le commerce équitable est devenu un concept très tendance que les grandes enseignes commencent à exploiter de plus en plus. Cependant, comme je viens de le dire, pour ces grandes entreprises, le commerce équitable est davantage un concept qui fait vendre qu'une réelle prise de position en faveur du respect de l'Homme. Comme il vous le sera expliqué dans cet article, il est donc nécessaire de ne pas faire confiance les yeux fermé à tous ceux qui se disent équitables. Le message que j'aimerais donc vous délivrer et que le véritable commerce équitable demande un réel engagement et une attention permanente. C'est pourquoi, pour respecter toutes les règles, il n'est pas possible de gérer une trop grande structure à la fois. Le commerce équitable à grande échelle risque donc avant tout de rester avant tout du commerce à grande échelle au détriment de sa part d'équitable.

    Requins équitables ?

    Max Havelaar n’est qu’un « label », une étiquette garantissant que l’association a vérifié que le produit a été acheté à un certain prix au producteur. Max Havelaar n’achète, ne vend rien. Ce sont les entreprises agroalimentaires qui achètent les produits équitables aux coopératives. Et comme un même importateur peut acheter à la même coopérative de producteurs une part équitable et une part non-équitable de production (la part équitable peut ne représenter que 10 % de la production d’une coopérative). On imagine alors toutes les dérives qui peuvent en écouler.

    Outre l’achat, les circuits de transport, de mise en conditionnement, de torréfaction des produits sont donc souvent les circuits classiques.

    Comme Max Havelaar décerne ses labels sans toujours réellement se donner les moyens de contrôler la réalité du terrain (tout en se faisant payer pour ce label par les producteurs !), on trouve de tout parmi les coopératives labellisées et donc aussi des producteurs malhonnêtes qui mettent leurs exploitants dans des situatiins proches de l'esclavage.

    Heureusement, il y a aussi des coopératives qui respectent le principe de redistribuer au producteur, de mettre en place des meilleures conditions de travail, de construire des écoles, tout ce qui est mis en avant dans le commerce équitable. Mais comment contrôler de loin ce qui se passe réellement ? Des rapports peuvent être truqués, des visites préparées pour que le contrôleur qui passe en coup de vent dans une coopérative n’y voie que ce qu’on veut lui montrer. Rien ne pourrait remplacer le contrôle de la population elle-même. Et c’est bien la limite du commerce équitable, quelle que soit la sincérité de ses initiateurs.

    Débat dans le monde de l’équitable

    Il est vrai que certaines associations du commerce équitable sont les premières à dénoncer ces dérapages, et à dénoncer l’hypocrisie des grandes compagnies qui prétendent faire de l’équitable alors qu’elles sont les premières responsables du commerce « inéquitable ». Pour ces associations, la solution serait un commerce équitable où les acteurs du monde associatif gèrent l’achat et la distribution des produits, dans des boutiques spécialisées.

    Mais l’association Max Havelaar n’a pas tort quand elle pointe que, pour faire de l’équitable en grand pour des millions de producteurs en touchant des millions de consommateurs dans le monde d’aujourd’hui, il faut passer par les grandes filières de commercialisation.

    Artisans du Monde reconnaît par ailleurs les limites de leur intervention. En effet, ils admettent que leurs ateliers sont souvent soumis aux mêmes dictats de l'économie que toute autre entreprise. Par exemple, l'obligation de ne proposer que des produits de qualité les obligent à exclure voire à licencier les producteurs les moins performants. Le travail à domicile payé à la pièce est fréquent. De plus, comme leur capacité d'écoulement est limitée, ils ne peuvent employer personne à temps plein, ils ne représentent donc qu'une activité d'appoint pour ces gens et pas forcément celle qui rapport le plus. Certes, les situations sont diverses et, dans d’autres ateliers, les conditions de travail et de rémunération des producteurs sont meilleures. Reste que le bilan qu’Artisans du Monde présente de son action est bien mitigé.


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